Chebab
Plan séquence d’une journée de la vie d’un combattant de l’Armée Syrienne Libre,
camera subjective, 24h en boucle diffusé en temps réel ou captures d’écran de chaque minute d’une vidéo de 24h.
Province d’Alep et d’Idlib (Syrie), août 2012
Dans la majorité des sociétés le conflit est omniprésent : actualités, films, jeux vidéos... il est difficile de ne pas le voir, pourtant l’image qui nous en est offerte n’en présente qu’un fantasme idéal détaché de la réalité.
Même si le fantasme reste le même, la représentation de la guerre tend à changer. Alors qu’il est généralement demandé au reporter d’être le plus proche de l’évènement, on voit apparaitre massivement depuis 2010 des images qui ne sont non plus faites par les témoins de l’évènement que sont les reporters mais par les acteurs de l’évènement eux-mêmes que sont les combattants.
Ces derniers produisent aujourd’hui au moyen de leur smartphone la majorité des images de guerre, mais en deviennent également les diffuseurs via les réseaux sociaux.
Dans ce projet, en fixant une caméra sur le torse d’un combattant de l’Armée Syrienne Libre dans la région d’Alep et d’Idlib, Emeric Lhuisset interroge la place contemporaine du reporter de guerre. Mais il choisit également dans cette vidéo en caméra subjective de réaliser un plan séquence de 24 heures qui sera par la suite diffusé en temps réel. Cette vidéo, il va la revisiter et capturer de manière systématique chacune des 1440 minutes de ces 24 heures, interrogeant par là notre rapport à la photographie et la recherche de l’instant décisif.
Pourquoi tenter encore de capturer cet instant décisif au risque de le manquer alors que l’on peut aisément filmer en très haute résolution et qu’il suffit ensuite de réaliser une capture de l’instant souhaité ?
L’artiste nous invite à nous interroger sur les représentations et l’usage du medium photographique, à la multiplicité de l’image aujourd’hui et l’impossibilité de tout voir, mais il nous confronte également à la réalité la plus brute, en dehors de tout fantasme, en dehors de l’évènement, simplement la banalité d’un quotidien, celui d’une guerre.